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Un siècle d’expérimentation pour parvenir à la chaise monobloc
De la tradition au design industriel
Les traditions de la chaise de style et de la menuiserie traditionnelle du monde rural avaient habitué les esprits au fait qu’une chaise soit un objet complexe issu d’un assemblage d’éléments disparates. Le menuisier-ébeniste sculptait des pieds, des montants, le tapissier ajoutait la garniture et le revêtement textile.
Au XXè siècle, l’avènement du design industriel a lancé aux designers le défi de la rationalisation des coûts et des méthodes de fabrication, qui a conduit à la simplification des formes et à la réduction du nombre des éléments nécessaires pour fabriquer un meuble.
Les recherches du Bauhaus
Dès ses débuts le Bauhaus a cherché à concevoir une chaise monobloc, et a cessé de penser et de construire les éléments séparément : le piètement, l’assise et le dossier ne devaient plus faire qu’un.
C’est le sens des expérimentations de Marcel Breuer avec l’acier tubulaire : les tubes de métal permettent de construire une chaise avec un minimum de matière, en suivant une seule et même ligne – ou à la limite, deux ou trois lignes…

A la même époque, Ludwig Mies van der Rohe travaille dans la même veine à réduire les éléments et les matériaux nécessaires, même s’il n’aboutit pas à une chaise monobloc.

La coque en plastique
Travaillant d’abord à partir de contreplaqué moulé, puis de fibre de verre et de plastique utilisés notamment dans l’aviation pendant la seconde guerre mondiale, le designer américain Charles Eames s’approche de la formule magique avec ses chaises où le dossier et l’assise ont fusionné. Mais il ne va pas au bout de la démarche et conserve un piètement en bois et métal.

A la même époque, le designer danois Arne Jacobsen parvient à un résultat comparable : assise et dossier fusionnés, mais toujours ces 4 méchants pieds, certes en acier tubulaire moderniste, mais toujours proches de la formule traditionnelle.

Dans les années 1960, les premières chaises monobloc ou quasiment sont enfin inventées. Le designer américain Eero Saarinen étonne le monde avec sa chaise « tulipe » conçue d’un seul mouvement (il triche un peu puisque sa chaise se compose visiblement de trois éléments : la coque en plastique d’assise + dossier, le coussin, et le piètement en métal plastifié).

La chaise monobloc à 100%, en matériaux plastiques
A peu près au même moment, le designer danois Verner Panton résout enfin le problème en achevant le processus entamé par Eames : cette fois la coque de polyuréthane enchaîne bel et bien dossier, assise et piètement d’un mouvement, de sorte qu’aucun assemblage n’est nécessaire.
L’avènement du plastique moulé par injection (et du polypropylène, du plexiglas, etc) est aussi celui du meuble monobloc dont, dès lors, les versions ne cesseront de se multiplier.

Dans les années 1970, l’architecte designer Frank Gehry renouvelle le genre en utilisant un matériau pauvre, le carton ondulé. Il faut certes assembler des dizaines de plaques de carton pour en faire un matériau de construction, mais ensuite il suffit d’y découper la forme souhaitée pour aboutir à cette sorte de chaise longue monobloc en carton.

Dans les décennies récentes, les designers s’en sont donné à cœur joie : la designer espagnole Patricia Urquiola fripe du plastique rose bonbon…

Le designer italien Gianni Pareschi fabrique une chaise cossue et baroque dans un simple ruban de plastique géant…

Le designer français Philippe Starck recrée la chaise de style en mode « fantôme invisible »…

et le designer belge Maarten Van Severen, au style ultra minimaliste, se contente de plier une plaque de polyméthacrylate de méthyle…
